Nous vous invitons à découvrir un choix de livres, gravures, photos, cartes postales... illustrant la ville de Mons, sa riche histoire, son patrimoine architectural, artistique et littéraire.
Nous espérons que vous prendrez plaisir à découvrir ces pages...

mardi 13 septembre 2022

Confrérie de Saint-Jean le Décollé

 

 

Un livre peu courant.

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Regles de la Confrérie de St. Jean Décollé, dite de la Miséricorde, érigée en la ville de Mons, par autorité du St. Siége Apostolique et de Monseigneur l'Archevêque duc de Cambrai. Avec l'entretien pour la sainte Messe, la Pratique pour la Confession, pour la Communion, les sept Pseaumes de la Pénitence, et plusieurs autres Prieres trés-dévotes.

Mons, Lelong, s.d.
[Mons, / De l'Imprimerie de la Ve. Lelong.]
 


 

In-18, [1 (titre)], [1 bl.], [12 (préface et avertissement)], 249 (les pp . 239-249 sont erronément numérotées 229-239), [4 (approbations, table)], [1 bl.] p.


   Une première édition de ces Règles a été publiée par l'éditeur montois Michel Varret, en 1738.

   Hippolyte Rousselle n'a pas daté l'édition de la veuve Lelong dont l'activité d'éditrice commença en 1800 et se termina en 1834.

Avertissement :
   La confrérie de la miséricorde établie en cette ville au mois de février 1699, ne crut pas pouvoir mieux faire pour se bien conduire dans sa naissance, que d'adopter les regles de l'archi-confrérie de Rome,qui porte le même nom, et se propose la même fin.
   Si les confreres nos prédecesseurs furent assez heureux pour en prendre parfaitement l'esprit, ils ne furent gueres long-tems sans s'apercevoir qu'ils n'avoient en mais qu'une traduction assez informe de l'original italien, que plusieurs points y étoient énoncés d'une maniere obscure, que d'autres étoient peu conformes au génie de notre pays, et qu'il étoit expédient d'avoir des regles qui en conservant tout l'esprit convenable à la confrérie de la miséricorde, qui regne dans l'original, eût une netteté et une précision qui laissat moins lieu à une interprétation arbitraire, toujours sujette ou au relâchement, ou au péril de s'éloigner de sonpremier esprit.
   C'est pour prévenir cet inconvenient, et pour conserver dans notre corps sa premiere ferveur, que chacun de tous ceux qui le composent, a souhaité que ces regles parussent sous la forme présente ; ce n'est au reste qu'après bien des conferences, et des assemblées tant particulieres entre les Officiers, que générales de tout le corps de la confrérie, ce n'est qu'après bien des réflexions et des examens, et après avoir consulté plusieurs personnes récommandables par leur piété et par leur érudition que la compagnie les donne ainsi à présent, pour servir de regle invariable à tous, et à chacun de ses membres, et c'est dans la même vue qu'on y joint en faveur des consolateurs, et pour leur faciliter l'exercice de leur emploi, une maniere détaillée de disposer et d'assister les condamnés à la mort, et c'est enfin pour rendre complet ce livre destiné à nos usages, que l'on y a ajouté les prieres qu'on a coutume de réciter dans les différentes occasions ou nous nous trouvons, le reste n'y étant joint que pour contenter la dévotion que quelques uns pourroient juger leur convenir.

Table des matières :
   - Préface.
   - Avertissement.
   Chapitre I. Des Officiers de notre compagnie.
   Chapitre II. De l'ordre et de la maniere des scrutins qu'il faudra garder les élections.
   Chapitre III. De l'office et de l'autorité du Gouverneur.
   Chapitre IV. Des Conseillers.
   Chapitre V. Du Proviseur.
   Chapitre VI. Du Chambellan ou Trésorier.
   Chapitre VII. Du Secrétaire.
   Chapitre VIII. Des Consolateurs.
   Chapitre IX. De la maniere d'accompagner les ciminels au lieu du supplice.
   Chapitre X. De la maniere d'enterrer les suppliciés.
   Chapitre XI. Des Maîtres des Novices.
   Chapitre XII. Des Infirmiers.
   Chapitre XIII. Du Chapelain.
   Chapitre XIV. Des Sacristains.
   Chapitre XV. Du Serviteur à gages.
   Chapitre XVI. De la maniere de recevoir les Novices et de leurs obligations.
   Chapitre XVII. Des bonnes coutumes et de la correction des fautes.
   Chapitre XVIII. Des assemblées de notre compagnie.
   Chapitre XIX. De la maniere de procéder à la délivrance des prisonniers.
   Chapitre XX. Des taxes et des amendes établies pour maintenir la régularité dans la confrérie.
   Chapitre XXI. Des femmes et filles nos consœurs.
   Chapitre XXII. De la défense d'aliéner les biens stables de notre compagnie.
   - Sommaire des Indulgences de la confrérie de saint Jean décollé, dite de la miséricorde, à Mons.
   - Grace et Privilege, accordé par Sa Majesté, en faveur des confreres de la miséricorde.
   - Prieres du matin.
   - Prieres du soir.
   - Pratique pour bien entendre la Messe.
   - Exercice pour la Confession.
   - Prieres pour la Communion.
   - Amende honorable au Très-Saint Sacrement de l'Autel.
   - Petit Office de la Conception immaculée de la Vierge Marie.
   - Litanies de la Sainte Vierge.
   - Les sept Pseaumes de la Pénitence.
   - Litanies des saints.
   - Les Vêpres du dimanche.
   - A Complies.
   - Paroles tirées de l'Ecriture Sainte, pour servir de consolation aux personnes qui souffrent.
   - Avis utiles à ceux qui sont chargés du soin de consoler les personnes condamnées à la mort.

Bibliographie :
   - Rousselle (Hippolyte), Bibliographie montoise, n° 1386 pour cette édition et n° 627 pour l'édition de Michel Varret.

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mercredi 31 août 2022

Cour de l'Hôtel de Ville de Mons, par Louis Haghe


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HAGHE (ou Hagué, Louis) — Cour de l'Hôtel de Ville de de Mons.

Tournai, Dewasme et Cie, [1823-1824].


   Cette lithographie est la septième de la septième livraison de la Collection historique des principales vues des Pays-Bas, dédiée au Roi, imprimée par Josué Casterman (l'album comptait douze livraisons et 96 planches).
   C'est à l'initiative de l’éditeur tournaisien Antoine Dewasme et d'Auguste Prosper Basterot de La Barrière (Toulon, 1792 - Peripgnan, 1844) que l'édition de ce recueil, qualifié d'« incunable de la lithographie » fut réalisée.
   La vue de la Cour de l'Hôtel de Ville de Mons est signée par l'artiste tournaisien Louis Haghe (ou Hagué, Tournai, 1806 - Stockwell, 1886), élève du chevalier de La Barrière, dont la brillante carrière en Angleterre lui valut le titre de « dessinateur attitré de la reine Victoria ».


Dimensions :
   - Image : 155 x 217 mm.
   - Feuille : 292 x 419 mm.

 



Texte accompagnant cette estampe :
   En 1440, sous le gouvernement de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, les échevins de la ville de Mons, voyant, avec une extrême douleur, la misère qui accablait le peuple et l'indigence des malheureux ouvriers qui étaient sans travail, formèrent la résolution de faire bâtir l'Hôtel-de-Ville, pour leur donner, en travaillant, de quoi subsister. Ils demandèrent à leur souverain un décret pour le construire à la place d'un hôpital qui avait été fondé, l'an 1295, par Jean Vilain. Le duc de Bourgogne ayant accordé la demande des échevins, l'Hôtel-de-Ville fut commencé en 1441, et terminé en 1444, couverte de tuiles ; mais l'an 1606, les grands vents ayant emporté le toit, on le recouvrit d'ardoises. L'an 1718, on commença à travailler au dôme qu'on éleva au-dessus du toit, par suite d'une résolution prise en conseil de ville, le 27 septembre de la même année.


Bibliographie :
   - Sorgeloos (Claude), Collection historique des principales vues des Pays-Bas, dédiée au Roi.
   - 
Le Bailly de Tilleghem (Serge), La première époque de la lithographie à Tournai (1822-1826), dans Mémoires de la Société royale d’Histoire et d’Archéologie de Tournai, tome 2, p. 237-303.

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lundi 1 août 2022

Daniel Meisner - Vue de Mons (1638)

 

 
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MEISNER (Daniel).

Bergen in Hennegaw. Nicht dem baum sondern dem schatten.

Nuremberg, Fürst, 1638.

 



Gavure sur cuivre coloriée, extraite de la Sciographia cosmica, tome IV : Libellus novus politicus Emblematicus Civitatum Pars Quarta.
 

Dimensions :
   - Trait carré : 144 x 68 mm.
   - Cuvette : 148 x 97 mm.
   - Feuille : 205 x 160 mm.

 

Portrait gravé de Daniel Meisner
par Sebastian Furck.

   Daniel Meisner (Komotau, Bohême, 1585 - Francfort, 1625) fut l'auteur du Thesaurus philopoliticus, une collection de vues de villes d'après les travaux de Merian, Braun et Hogenberg, Münster, publié pour la première fois à Francfort, en 1623.
   La première édition contenait 52 vues.
   La seconde, considérablement augmentée, parut en 1624 avec 416 vues.
   La troisième, publiée par Paulus Fürst, à Nuremberg, en 1638, sous le titre Sciographia Cosmica, contenait environ 830 gravures ; celle consacrée à Mons, présentée ici, est la soixante-deuxième du tome IV, d'où la numérotation « D62 » dans l'angle supérieur droit.

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   Christine Gobeaux décrit la gravure dont « le titre en allemand est situé au-dessus de la ville, de part et d'autre de la tour à l'horloge. Le panorama est vu du sud-est. La gravure est illustrée, à l'avant-plan, par un homme debout sous l'ombre d'un arbre, à sa droite, un chasseur et son chien. Sous la vue de la ville, texte gravé en latin et en allemand.

 

   Les gravures de Daniel Meisner occupent une place particulière dans l'iconographie car chacune comporte une représentation emblématique et des vers en latin et allemand. Cette œuvre combine, en fait, deux genres très populaires à l'époque : les livres d'emblème et les atlas consacrés aux villes comme celui de Braun et Hogenberg.
   La vue de Mons montre de nombreuses similitudes avec celle parue dans l'atlas de Braun et Hogenberg : dans le tracé de l'enceinte, l'intérieur de la ville ; le nombre de clochers est le même. Seuls diffèrent nettement le ciel où le titre Bergen in Hennegaw s'inscrit de part et d'autre de la tour à l'horloge, et l'avant-plan. »

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   Le personnage qui se trouve à l'avant-plan, à gauche, n'est évidemment pas là par hasard. Dans la table de l'édition de 1626, un texte en allemand vient éclairer les citations latine et allemande qui figurent sous la gravure :
  
         Die sich einer oder der anderen religion gleisnerischer weise
         und mit den eisserlichen gebarden annemen nur amb ihres nusen willen
         find diesem mann gleich
         der in grosser sommerhise under dem baum stehend
         seinen hut ab dem haupt nimbt
         nicht dass er dem baum reverens erzeige
         sondern damiter destuhlen schattens geniesse.


   En mai 1572, l'investissement de la ville de Mons et son occupation par Louis de Nassau et ses soldats huguenots, puis son siège et sa reprise par les troupes du duc d'Albe, fut un épisode important des guerres de religions.
   L'auteur de la gravure profite de l'occasion pour évoquer la question de la conversion plus ou moins hypocrite au catholicisme : l'homme se découvrant devant l'arbre ne signifie pas qu'il fait sa révérence à l'arbre mais qu'il aime l'ombre...


Bibliographie :
   - Gobeaux (Christine), Mons au XVIe siècle. Catalogue descriptif des vues, plans et sièges, dans Annales du Cercle archéologique de Mons, t. 81, V.005, pp. 349-353.

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vendredi 1 juillet 2022

Léon Losseau et « Une Saison en enfer » d'Arthur Rimbaud

 

 


Histoire de la découverte
par Léon Losseau
des exemplaires perdus
de l'édition d'Une Saison en enfer

 
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RIMBAUD (Arthur).

Une Saison en enfer.

Bruxelles, Alliance Typographique (M.-J. Poot et Compagnie), 1873.

 

 


In-12 broché, 53 p., quelques rousseurs éparses à la couverture et à la tranche, édition originale.

 

    Christian Galantaris décrit ainsi cette célèbre édition : « couverture imprimée en noir et rouge tient lieu de titre. Le texte commence ex abrupto à la page une. Tout au long, dix-sept pages sont restées blanches, soit par le fait d'une censure de l'auteur ou extérieure du dernier moment soit à cause d'une erreur d'imposition ou pour toute autre raison non encore éclaircie. » Et il ajoute à propos de son exemplaire : « broché, tel qu'il convient de posséder cette immatérielle plaquette. »

   Afin de mieux faire connaître l'histoire de ce livre, il nous semble utile de reproduire ci-dessous le texte dans lequel « l'inventeur – au sens archéologique du terme – de l'œuvre de Rimbaud décrit les circonstances de sa découverte et le contexte dans lequel elle se déroula. Ce texte fut publié à Bruxelles, en 1916, dans l'Annuaire de 1915 de la Société des Bibliophiles et Iconophiles de Belgique puis, à Mons, en 1919, dans le septième fascicule du premier Bulletin de la Société des Bibliophiles Belges séant à Mons (pp. 311-323).

 

 

La légende de la destruction par Rimbaud de l'édition princeps de
« Une Saison en Enfer ».

Communication faite par M. Léon Losseau
à la séance de la Société des Bibliophiles
du 12 juillet 1914.
 
 


   À la fin de la séance que la Société à tenue chez moi le 24 novembre 1912, je me suis fait un plaisir d'offrir, à titre de souvenir de la réunion, à chacun de nos confrères présents, une petite plaquette d'aspect très modeste, en me bornant à dire qu'elle était d'une grande rareté.
   Du format 175 x 125, elle a 53 pages paginées ; dont sept feuillets sont blancs au recto et au verso et dont trois autres au verso seulement – restent 57 moins 17 soit 36 pages imprimées –, sans titre, ni faux-titre, ni table. La couverture en papier blanc légèrement plus fort que celui de l'intérieur, porte, dans un cadre en filets maigres, le titre, le prix et l'adresse de l'imprimeur.
   Cadre et titre en noir, sauf les mots « Une Saison en Enfer » qui sont en rouge.
   L'œuvre est datée in fine avril-août, 1873.
   C'est l'édition princeps du seul recueil qu'ait publié Arthur Rimbaud, le jeune ami de Verlaine.
   À l'exception de six exemplaires, tous connus, et que se disputent les plus célèbres d'entre les bibliophiles, l'édition était réputée avoir été détruite par l'auteur aussitôt après sa sortie de presse.
   Et la légende était admise par tous sans discussion.
   Mais au lendemain de la distribution que je vous ai faite, un littérateur montois, à qui j'avais demandé de garder le silence jusque là, Polydore Flandre, – c'est un pseudonyme – dans la biographie imaginaire qu'il donnait comme préface à la traduction par M. Arthur Cantillon de poèmes imaginaires d'un poète imaginaire – John Littlebird – écrivit :

   « Quoiqu'il en soit, avant de mourir, il (Littlebird) brûla la plupart des exemplaires de son livre. On a voulu, à cet égard, le comparer à Rimbaud, mais celui-ci n'a point détruit sa Saison en Enfer, bien que M. Paterne Berrichon le prétende »

   Et il adressa, en soulignant le passage, un exemplaire de la brochure à M. Paterne Berrichon, qui est le beau-frère de Rimbaud – beau-frère posthume, pourrions-nous dire puisqu'il n'a épousé la plus jeune sœur du poète que plusieurs années après la mort de celui– et qui s'est fait de Rimbaud le biographe, l'éditeur, l'interprète et le commentateur, le tout avec une grande ferveur, une piété touchante et des sentiments d'exclusive admiration.
   Grand émoi de M. Paterne Berrichon. Vite avisé que Mons est la cité du père du comte de Fortsas, que l'on y aime les supercheries, qu'on les y cultive encore, témoin John Littlebird, il s'imagina que la phrase qu'on lui communiquait était une nouvelle supercherie montoise. Il s'indigna de voir Polydore Flandre contester son affirmation de la destruction de l'édition, protesta avec véhémence et la maintint tout entière. Polydore Flandre lui répondit en affirmant la possession par un bibliophile montois de plus de quatre cents exemplaires de la plaquette. M. Berrichon ne voulut pas se rendre. Après la supercherie, il crut à une fraude, à une réédition de contrefaçon, mais la comparaison qu'il put faire de l'exemplaire que lui adressa Polydore Flandre avec l'un des six exemplaires que l'on croyait seuls sauvés lui imposa aussi d'abandonner cette idée. Il en chercha d'autres, ne voulant pas renoncer à sa version de l'autodafé et après sept mois de correspondances, d'affirmations et de vérifications, dans une lettre au Figaro publiée dans le n° du 27 juin 1914, il parle encore des exemplaires « soi-disant retrouvés à Mons » et du « geste de Rimbaud en 1873 ».
   Entretemps M. Paterne Berrichon avait beaucoup parlé. Arrivée aux oreilles des journalistes, l'aventure a fait le tour de la presse. Chacun l'a narrée à sa façon et sur un fond de vérité, a brodé une jolie histoire.
   L'un de nos plus éminents concitoyens, avec le charme qu'il donne à sa parole et à tout ce qu'il écrit, l'a racontée dans le journal qu'il inspire.
   Vous avez lu ces articles.
   C'est ce qui me paraît m'autoriser à vous reparler de la brochure et à vous donner aujourd'hui des détails que je n'avais pas cru pouvoir vous donner en novembre 1912.

*
* *

   Rimbaud, le poète du fameux sonnet des voyelles, avait, à seize ans, écrit ses plus beaux vers ; à dix-neuf, au lendemain presque de l'impression de la Saison en Enfer, son œuvre est terminée, il disparaît pour la littérature ; de dix-neuf à trente-sept ans, il voyage ou vagabonde, finit par faire le commerce des armes chez Ménélik et revient en Europe, à Marseille, d'où l'on ne peut le transporter dans sa famille, et y meurt à l'hôpital. Rimbaud a des admirateurs fervents. Certains estiment que son influence fut considérable, M. Paterne Berrichon le tient pour la « Jeanne d'Arc » de la littérature française moderne.
   « Jeanne d'Arc » est joli pour parler de l'ami de Verlaine, de la victime des coups de pistolet qui valurent à Verlaine une condamnation à deux ans de prison et sa détention à la prison de Mons.
   Sa psychologie suscite les plus curieuses études, les plus passionnées. Il y a un « problème Rimbaud ». Son adieu à la littérature à dix-neuf ans, son adieu brusque, absolu, sans rémission, tourmente ses fidèles, inquiète ses interprètes. C'est sur le sens à lui donner qu'ils discutent, qu'ils se disputent, qu'ils échangent des mots mal sonnants même.
   Aussi tout est-il d'importance qui s'y rapporte.
   Et surtout la destruction au lendemain même de l'impression, de la seule œuvre qu'il ait fait imprimer.

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* *

   C'est Darzens, préfacier du Reliquaire, en 1891, peu de temps après la mort du poète, qui, le premier, constatant qu'il ne reste que peu d'exemplaires de la Saison en Enfer, – il n'en cite que trois, le sien, celui de Richepin et celui de Verlaine – en conclut à la destruction par Rimbaud « de la majeure partie des exemplaires ».
   Six ans après, M. Paterne Berrichon reprend la conclusion, en fait une affirmation et raconte avec détails l'histoire de l'autodafé.
   Il faut vous lire son récit :

   « Une Saison en Enfer terminée, il envoya le manuscrit aux éditeurs Poot et Cie. Ensuite, il se rendit à plusieurs reprises dans la capitale belge – ce qui prouverait qu'il n'en avait pas été expulsé au moment du procès – pour, sans nul doute, y surveiller l'impression de son livre. C'est croyons-nous, lors d'un de ces voyages qu'il fit porter à Verlaine, détenu aux Petits Carmes, l'exemplaire possédé actuellement par M. Louis Barthou.
   « Aussitôt l'édition confectionnée, Rimbaud, ne voulant pas apparemment qu'elle fut mise en vente, la rapporta tout entière à Roche. Quelques jours après, il fit parvenir à son ami J.-L. Forain un lot de trois ou quatre exemplaires, destinés – nous écrit M. Jean Richepin – à Ponchon, Forain, un autre et lui, Richepin. Puis il partit pour Paris. C'était vers la fin d'octobre de cette année 1873.
   « Alfred Poussin, le poète des Versiculets, nous a dit l'avoir rencontré le 1er novembre près de l'Odéon, au café Tabourey, fréquenté presqu'exclusivement par les littérateurs. L'ayant vu à l'écart de tout le monde et assis devant une table non servie ; l'auteur de La jument morte, arrivé récemment de sa province avec le désir de se créer des relations dans le monde des lettres, lui offrit à boire, pour la seule raison que le garçon servant avait, non sans dédain, désigné le solitaire comme un poète. Rimbaud était pâle et, de même qu'à l'ordinaire, muet. Son attitude, ainsi que son visage, décelait quelque chose de virilement amer et de redoutable, qui impressionnait. Il ne répondit pas aux propos amènes de son amphitryon imprévu – et Poussin, le reste de sa vie, devait garder de cette rencontre un souvenir d'effroi. Cependant, à côté, les autres consommateurs causaient de Rimbaud entre haut et bas, sinistrement et avec une bêtise lâche.
   « À la fermeture du café – aube du Jour des Morts – le calomnié reprit à grandes enjambées le chemin des Ardennes.
   « Arrivé à Roche, il jeta au feu le tas presque intact des exemplaires d'Une Saison en Enfer. Il brûla, en même temps, tout ce qui de ses manuscrits antérieurs se trouvait à la maison.
   « Et c'est ainsi qu'en pleine adolescence, ses dix-neuf ans venait de sonner, Arthur Rimbaud consomma la « trahison au monde » de son verbe miraculeux.
   « Le poète se naufrageait lui-même. Mais les épreuves de son embarcation, recueillies, sont à présent des phares. »

   Comme vous l'avez remarqué, ce récit se borne à des suppositions : « sans nul doute » « croyons-nous » « apparemment » et à de simples affirmations. Et lorsqu'on sait que M. Paterne Berrichon ne parle pas de science personnelle, on est en droit de lui demander ses sources. Or, quand il dit : « Arrivé à Roche, il jeta au feu le tas presque intact des exemplaires d'Une Saison en Enfer », il se base sur le témoignage de la famille de Rimbaud.
   « En 1873, m'écrivait-il récemment, la famille de Rimbaud a vu dans la chambre du poète des exemplaires en assez grand nombre, empilés sur la table et répandus un peu partout. Elle a constaté ensuite la disparition de ces exemplaires coïncidant avec un autodafé de papiers. »
   La famille de Rimbaud, c'est la seule survivante, sa sœur cadette, celle que M. Berrichon a épousée. C'est elle seule qui aujourd'hui, pourrait affirmer qu'elle a « vu ». Et à cette époque, elle n'avait que dix ans.
Son témoignage, c'est le récit, vingt-cinq ans après – la première édition de la biographie de M. Paterne Berrichon date de 1897 – non pas même de ce qu'elle a « vu », mais de ce qui s'est passé en dehors de sa présence lorsqu'elle avait dix ans.
   Quelque respect que nous ayons pour la sincérité de son souvenir, il me semble qu'il est permis de n'en retenir les détails qu'avec beaucoup de circonspection. Qu'il suffise pour établir qu'à son retour à Roche, Rimbaud ait brûlé des papiers, des documents, je le concède, mais il ne peut me suffire pour établir plus, non seulement la nature, mais la quantité de ce qui a été brûlé, lorsqu'elle avait dix ans, alors qu'elle ne dit même pas qu'elle a vu brûler. Après un autodafé de papier, la famille n'a plus revu les exemplaires que Rimbaud possédait de Une Saison en Enfer. C'est tout ce que dit le témoignage.
   Si je discute le témoignage de la sœur de Rimbaud, je ne songe en aucune manière, je le répète, à mettre en doute son absolue sincérité, mais je pense être autorisé à le peser et fondé à critiquer ce que l'on cherche à en tirer.
   Pour affirmer la destruction, on n'a que ce fragile témoignage qui est déjà un témoignage indirect.
   Tout le reste est de seconde main, soit qu'il se base sur ce témoignage, soit qu'il se tire de la seule existence jusqu'alors connue de trois exemplaires (Darzens), quatre (Maurras), six (Berrichon).
   Et il est à remarquer que Verlaine qui, en 1883, a révélé Rimbaud, s'est fait son premier biographe dans les Poètes Maudits, qui a recherché les œuvres de Rimbaud, et en 1883, en 1886 et en 1892, en a publié des fragments, fragments qu'il a ensuite rassemblés en 1895 sous le titre de Poésies complètes, Verlaine, qui cependant devait être renseigné et eût pu se renseigner, n'a pas fait la moindre allusion à la destruction de l'édition de la Saison en Enfer, il se borne à dire qu'« elle sombra corps et biens dans un oubli monstrueux, l'auteur ne l'ayant pas lancée du tout. »
   Que l'on est loin du geste de la destruction, du « il jeta au feu le tas presque intact des exemplaires d'Une Saison en Enfer » de M. Berrichon.
   Et cependant, depuis la première biographie de M. Paterne Berrichon, tous ceux qui se sont occupés de Rimbaud ont admis son récit sans le discuter, même André Baunier, dans son excellent article de la Revue de Paris, même un littérateur, qui double un brillant procureur de la République, et qui dans ses écrits sur Rimbaud fait montre d'un esprit critique très aiguisé, M. Marcel Coulon.
   Dans les Marges d'août 1913, M. Marcel Coulon commence sa critique de la nouvelle édition de Rimbaud que venait de donner M. Berrichon, par cette affirmation : « on sait que l'œuvre de Rimbaud nous est parvenue contre sa volonté formelle. Qu'il n'a rien publié (hormis deux poèmes) que Une Saison en Enfer, dont il détruira l'édition sitôt parue : octobre 1873 ».
   Et dans le Mercure de France du 16 novembre 1913, il dit encore :

   « Pendant que Verlaine entame les deux ans de détention que son acte lui vaudra, Rimbaud, expulsé de Belgique, revient à Roche, près Vouziers berceau de sa famille maternelle et prépare l'édition d'Une Saison en Enfer. Elle paraît en octobre à Bruxelles. Il la jette immédiatement au feu. La littérature ne la reverra plus. »

   En face de cette version et pour la contredire, se dresse la trouvaille que je fis un jour et je vous demande de vous la conter.

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* *

   C'était en 1901.
   Je recherchais un tirage à part de la Belgique judiciaire, recueil qui, pendant soixante ans, fut imprimé à Bruxelles, par une association ouvrière dissoute depuis, l'« Alliance typographique ». Et dans l'espoir d'en dénicher un exemplaire, le gérant, M. Deghislage, et moi, nous remuions le magazin de l'atelier.
   Vous comprendrez quelle fut l'émotion que ressentit le bibliophile lorsqu'il vit ce que contenait un ballot sali, maculé, couvert de poussières que parmi d'autres il venait de soulever :
   Des centaines d'exemplaires de la Saison en Enfer de Rimbaud !
   J'avais lu l'article de Maurras dans la Revue encyclopédique et j'en avais retenu combien étaient rares les exemplaires connus de l'édition de Bruxelles du recueil.
   Le gérant, qui était déjà ouvrier dans l'atelier en 1873, me dit se souvenir que l'auteur ayant dû quitter la Belgique à l'époque de l'impression, n'avait jamais payé sa note et qu'on avait gardé le ballot.
   Je lui proposai de l'acquérir et il me fit un prix que j'acceptai.
   Non sans avoir auparavant, pour m'assurer qu'il ne s'agissait pas d'une réimpression en contrefaçon, fait reprendre le grand livre de l'atelier et constaté que le renseignement relatif au non paiement par l'auteur était exact. La possession était donc légitime. Je constatai en même temps que le ballot, intact, contenait le nombre d'exemplaires portés au livre comme ayant été imprimés.
   Un certain nombre d'exemplaires détériorés par l'eau qui avait percé le tout furent jetés dans le grand poêle de l'atelier et je me fis expédier les 425 exemplaires.

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   L'édition de Une Saison en Enfer n'a donc pas été détruite par Rimbaud. Elle ne lui a pas été livrée parce qu'il n'a pas payé son imprimeur et celui-ci l'a conservée.
   L'histoire est prosaïque.
   Rimbaud n'a donc reçu de son imprimeur que quelques exemplaires, les six souvent, dix ou douze exceptionnellement, qu'il est d'usage chez les imprimeurs d'envoyer à l'auteur sitôt qu'il y a des exemplaires prêts.
   Ce sont les exemplaires qu'il a distribués. On en connaît six.
   Si Rimbaud a détruit des exemplaires et cela reste fort problématique, ce ne peut donc être que ceux en bien petit nombre qu'il avait reçu de son imprimeur, en outre de ces six qu'il est certain qu'il a distribués.
   Aux biographes, aux commentateurs de Rimbaud, à ceux qui étudient « le problème de Rimbaud » de tirer de ces faits les déductions, les conclusions qu'ils estimeront. Je leur laisse à le faire.
   Mais ce dont il est impossible d'encore parler, ainsi que le fait cependant M. Paterne Berrichon dans sa lettre au Figaro du 27 juin, c'est d'un geste de Rimbaud marquant sa volonté de détruire l'édition.

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   Des six exemplaires connus avant ma trouvaille, quatre sont ceux qu'au dire d'une lettre de Jean Richepin à M. Paterne Berrichon, Rimbaud adressa à Forain, à Ponchon, à Richepin et à un quatrième.
   Ponchon et Richepin ont conservé les leurs et les gardent jalousement.
   Celui de Forain est passé à Darzens lequel l'a cédé à M. Saffrey, le célèbre collectionneur d'œuvres de Rops.
Le quatrième est celui que possède actuellement Gineste.
   Un cinquième exemplaire appartenait à Pierre Dauze et figurait dans la vente récente de sa bibliothèque. Il y a atteint, au dire des journaux, le prix de 480 fr. plus les frais. Pierre Dauze, à ce que l'on m'a dit, racontait avoir acquis son exemplaire à Toulouse, dans une boîte à deux sous. Ce peut être vrai, mais Pierre Dauze ne passait pas pour renseigner exactement sur l'origine des joyaux de sa bibliothèque.
   Enfin, le sixième exemplaire, le plus célèbre, est celui qui fait la joie de M. Barthou. Le nom A. Rimbaud de la couverture en est assez grossièrement gratté au canif. Et au verso de la couverture, d'une très petite et très fine écriture à l'encre, une dédicace : À Paul Verlaine, et la signature A. Rimbaud. C'est l'exemplaire de Verlaine et c'est sur lui que furent faites la réimpression de la Vogue en 1886 et les réimpressions successives, notamment toutes celles de M. Berrichon.

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   C'est dans le but de vous offrir des exemplaires de cette rareté bibliophilique la première fois que vous viendriez tenir une séance chez moi, que j'achetai la « Saison en Enfer ».
   Le « tour de rôle » me fit malheureusement attendre près de douze ans.
   Entretemps, j'avais remis des exemplaires à quelques amis intimes et sur la demande qui m'en a été faite, j'en remis en outre quatre destinés à Émile Verhaeren, Maurice Maeterlinck, Viellé-Griffin et Stefan Zweig – par suite d'une erreur, l'exemplaire destiné à Maurice Maeterlinck ne lui a pas été remis – puis un nouveau destiné à un autre littérateur, mon confrère et ami François André.

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   J'avais demandé à ceux que j'avais mis au courant de ma trouvaille de ne pas la publier avant la distribution que je me proposais de vous faire.
   Je désirais du reste ne pas l'ébruiter ne voulant pas faire de la peine aux heureux possesseurs des fameux six exemplaires et ne voulant pas par mon fait influer sur le cours de ces exemplaires.
   Mais le révélation de Polydore Flandre a mis en émoi, non seulement M. Paterne Berrichon, mais les bibliophiles qui avaient acquis à lourds deniers sonnants certains des six précieux exemplaires.
   Dans sa correspondance avec Polydore Flandre, M. Paterne Berrichon lui dit un jour que l'un d'eux désirait vivement me voir détruire les exemplaires que je possédais. Et peu de temps après, M. Paterne Berrichon ayant appris que j'étais à Paris, y vint me rendre visite et me demanda de me laisser conduire chez ce bibliophile.
   Tous deux cherchèrent à me convaincre qu'il fallait détruire, continuer le geste de Rimbaud, disait M. Berrichon, empêcher que le joyau du bibliophile cessât d'être un joyau, disait le bibliophile. Je réservai ma réponse jusqu'au jour où j'aurais consulté mes amis bibliophiles belges.
   Que faut-il faire ?
   Détruire,
   Distribuer largement,
   Conserver et ne plus distribuer.
   Me permettez-vous, mes chers confrères, de vous demander votre avis ?

 



 

Bibliographie :
   -
Losseau (Léon), La légende de la destruction par Rimbaud de l'édition princeps de « Une Saison en enfer ».
   - Carteret (Léopold), Le Trésor du bibliophile romantique et moderne, tome II, p. 271.
   - Galantaris (Christian), Verlaine, Rimbaud, Mallarmé, catalogue raisonné d'une collection, n° 220.

 

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mardi 28 juin 2022

Un casino à Mons.




À deux minutes de la Gare, sur le Boulevard Gendebien, s'élève une magnifique construction moderne qui attire les regards de l'étranger qui arrive à Mons.

   Construite sur les plans de feu Neute (jeune architecte auquel on doit également le magnifique hôtel communal de Nimy), la splendide propriété que nous allons décrire est depuis quelque temps le Casino de Mons. De vastes jardins avec pièce d'eau, un kiosque rustique ou d'agréables concerts sont donnés presque journellement par un orchestre symphonique des mieux composés ou par les nombreuses sociétés de la région, un vaste café luxueusement aménagé, font du Casino un centre d'attrac­tions des plus estimés, fréquenté par la belle société de Mons et par les nombreux touristes qui visitent en tout temps le chef-lieu si curieux de la province de Hainaut.

   Des cartes d'entrée permettent à chacun de visiter ce splendide établissement.

   Un
Cercle privé
similaire à celui de Spa et du Kursaal d"Ostende est installé dans les somptueux salons du Casino. Malheureusement pour le public, cet éden n'est accessible qu'à un petit nombre d'élus, élu est ici le terme propre, car pour faire partie du cercle privé du Casino de Mons, accessible aux étrangers seulement, il faut être admis en suite d'un ballottage très rigoureux.

   Il n'est donc pas permis à tout le monde de jouir des salons de lecture, salle de billards et jardin d'hiver si remarquables du club, les jardins et le café étant seuls accessibles au public.
 

La façade.   
La pièce d'eau.
Le jardin.
Le kiosque.
La grotte.

Texte et illustrations extraits du Nouveau guide pratique de Mons et ses environs, pp. 15-17 (Frameries, Dufrane-Friart, 1900).
 
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mardi 3 mai 2022

Henri Léonard : un illustrateur montois

 

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Mons en livres et en images : http://monsenlivresetenimages.blogspot.com/

 

    Le but de cette page est de faire découvrir le travail d’illustrateur d’Henri Léonard ; elle sera augmentée au fil de mes découvertes...

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 Texte de Laurent Honnoré
 
    Fonctionnaire communal, artiste et écrivain. Après des études secondaires à l'Athénée royal de Mons, il devient fonctionnaire au sein de l'administration communale de cette ville (1914), où il effectue toute sa carrière, jusqu'à occuper les fonctions de secrétaire communal, d'abord à titre intérimaire (1946-1949), puis de façon définitive (1949-1954). Doté d'une grande sensibilité artistique, il fréquente le soir et le dimanche l'Académie des Beaux-Arts de Mons (1915-1918), où il suit les cours de dessin et d'aquarelle, notamment auprès d'Anto-Carte. Esprit curieux et original, il s'oriente vers des modes et des formes d'expression artistique très variés. Il est l'auteur d'une abondante œuvre graphique et picturale.Ainsi, il dessine des affiches, notamment pour la ducasse de Mons. Il illustre avec verve et humour les ouvrages de divers auteurs montois (Émile Hublard, Georges Jouret, Clovis Piérard).
 
   Écrivain, il publie en 1930 Les Braves Montois de 1830, récit romancé des événements révolutionnaires vus du côté du petit peuple de Mons. En 1958, il publie dans les Annales du Cercle archéologique de Mons (tome 63) un article sur La ville de Mons en 1550. Essai de reconstitution, en vue perspective et textes à l'appui. Il rédige de très nombreuses chroniques artistiques publiées dans le journal La Province sous la signature de Cinabre. Il conçoit également des jeux radiophoniques, crée des costumes pour la procession du Car d'or, exécute de nombreux décors de théâtre.
 
Bibliographie :
   - Honnoré (Laurent), Léonard Henri (Mons, 1896-1959), dans 1000 personnalités de Mons & de la région. Dictionnaire biographique, pp. 542-543.

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AFFICHES





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LIVRES

 

 

 

JOURET (Georges, alias Giornino) — Broutilles historiques. Illustrations de Henri Léonard. Mons, Leich, [1925]. In-8° broché, 174 p., illustrations.
Table des matières :
   - L'origine de nos couleurs.
   - Les joyeuses entrées à Mons.
   - Le tabac.
   - La pipe.
   - Le cigare.
   - La cigarette.
   - Le tabac à priser.
   - La râpe & la tabatière.
   - La ducasse de Mons :
      - La procession.
      - Le Lumeçon.
      - Les idées de la Chambourlette.
      - Saint-Georges.
      - La capitale du Hainaut.
      - Une première conclusion.
      - Le mystère de Saint-Georges.
      - Où il est surtout question d'un crocodile.
      - L'arène du combat.
      - Les Gilles de Chin de l'histoire & de l'épopée.
      - La légende de Gilles de Chin.
      - De Saint-Georges à Gilles de Chin.
      - Les acteurs & les comparses.
   - Les acteur du Lumeçon : Le Dragon - Les Diables - Saint-Georges - Les Chin-chins.
   - Le Lumeçon à travers l'histoire de Mons.
   - La coiffure féminine.
   - Le pain.
   - La route.
   - Le gant.

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HUBLARD (Émile) — Mons jadis & aujourd'hui. Pour mieux connaître & aimer la terre natale. Illustrations de Henri Leonard. Mons, Leich, 1926. In-8° broché, 207 p.
Table des matières :
  
- Mons, jadis et aujourd'hui.
   - La procession de la Trinité.
   - La légende montoise et la Tête du Dragon.
   - La collégiale de Ste-Waudru et le jubé de Jacques Dubrœucq.
   - Le Singe « du Grand' Garde ».
   - Un séjour d'Ambroise Paré au château d'Havré.
   - Napoléon et les Montois.
   - La bataille de Mons du 23 août 1914.
   - Imprimeurs, libraires et lecteurs montois.
   - La bibliothèque publique de Mons.
   - Les environs de Mons.

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HUBLARD (Émile) — Le Singe du Grand'Garde. Dessins de Henri Léonard. Mons, Leich, [1926]. In-8° agrafé, 10 p., illustrations, ex-libris de Gustave Casy.
   Il s'agit d'un tiré-à-part de l'ouvrage Mons jadis & aujourd'hui. Pour mieux connaître & aimer la terre natale.
Extrait :
   [Sur l'origine du Singe], ce ne sont pas les hypothèses qui manquent ; enseigne du cabaret établi dans la cave de l’Hôtel-de-Ville, disent les uns ; pilori auquel on exposait les enfants méchants, prétendent les autres ; chef-d’œuvre d’un maître serrurier qui aurait fait cadeau de son travail au magistrat de Mons, assure-t-on. Ne.serait-ce pas plutôt une fantaisie de l’auteur des plans de l’édifice, de l’architecte Mathieu de Layens qui aurait trouvé plaisant de signer son œuvre en y plaçant cette statuette comique.
   Tel qu’il est, il fait la joie des montois, voyant en lui un porte bonheur, une sorte de talisman que les petits caressent volontiers de la main, et que les grands regardent d’un œil attendri.

 


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HUBLARD (Émile) — À Mons, choses et autres. Illustrations de Henri Léonard. Mons, Leich, 1928. In-8° broché, XV, 168 p., un portrait hors texte de l'auteur, un des cinq exemplaires numérotés sur Hollande Van Gelder (n° 5), avec une aquarelle et trois dessins originaux.
Table des matières :

   - Notice bio-bibliographique sur l'auteur, par G. Jouret.
   - La société des soirées lyriques (1824-1826).
   - Sociétés badines et bouffonnes, facéties, supercheries, mystifications littéraires & archéologiques.
   - Un club jacobin à Mons (la Société des Amis de la Liberté & de l'Égalité).
   - Le Nouveau Testament de Mons (histoire d'un livre)- Coup d'œil sur Mons pendant le Ier empire.

 

L'aquarelle.

 
Un des trois dessins.

 

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EX-LIBRIS

 





 



 


 

 


 


 


 

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Texte de Clovis Piérard
 
   
Léonard, Henri, Charles, René, né à Mons, le 10 mai 1896, y est décédé le 12 avril 1959. C'était un esprit très cultivé, un être extrêmement sensible, modeste, délicat, profondément artiste, d'une loyauté et d'une probité à toute épreuve.

Pour comprendre le comportement d'Henri Léonard pendant tout le cours de son existence, il faut connaître les ascendances qui agirent sur lui, aidèrent à forger son caractère, jetèrent les bases de sa formation intellectuelle et morale. Du côté maternel, on voit son grand-père, né peu avant la révolution de 1848, peiner dur (il était ouvrier tailleur) pour élever sa famille. C'est lui qui apprit à son petit-fils comment certains patrons exploi­taient le travail et le courage de leurs serviteurs. Cet aïeul, qui avait un goût prononcé pour la musique, lui inculqua des principes éducatifs bien supérieurs à la moyenne de milieux aussi humbles. L'une de ses filles, Florentine-Joséphine Bazin (Mons 31 janvier 1870 - 15 avril 1951) la mère d'Henri Léonard, avait été en sa jeunesse « demoiselle de téléphone ».

   Le grand-père paternel, né vers 1847, était un homme d'une intelligence remarquable ; issu d'une famille nombreuse, pauvre, c'était un autodidacte acharné à comprendre et à savoir. Esprit constructif, autoritaire, altruiste, épris de liberté, il devint un haut fonctionnaire, très écouté, à l'Administration des Télégra­phes. Fait assez rare à l'époque parmi les « gens en place », c'était un athée prônant le développement de l'individu par l'instruction et par une éducation favorable à l'épanouissement des forces spirituelles et sensibles et, aussi, par la conscience des respon­sabilités.

L'une de ses filles, que, plus tard, Henri Léonard appelait « ma tante l'éducatrice », était professeur dans une institution montoise pour jeunes filles « de la haute société », comme on disait alors. Douée d'une intelligence supérieure mais – revers de la médaille – affligée d'un état nerveux fort délicat, elle fit un assez long séjour en Angleterre, dans un château du Pays de Galles, en qualité de dame de compagnie. C'était une excellente psychologue. « Je lui dois la plus belle leçon de modestie que j'aie jamais reçue », – nous confia, un jour, Henri Léonard – « elle m'apprit ce qu'est la vanité de la vanité. Je l'entends encore. J'avais alors 17 ans ! ». Nature très artiste, elle initia son neveu, à l'époque où la radio n'existait pas, à la musique des grands auteurs classiques et romantiques, qu'elle interprétait au piano. Elle lui donna ses premières leçons de dessin d'observation, alors qu'il avait dix ans.

Le frère de cette tante exceptionnelle, René-François Léonard (Schaerbeek, 20 avril 1867 - Mons, 15 avril 1917) le père d'Henri, était le « savant » de la famille. Quand Henri était enfant, il aimait à répéter : « Papa sait tout », car celui-ci ne laissait jamais une de ses questions sans réponse plausible. Cet homme de haut savoir possédait une extraordinaire concentration d'esprit. Il fit ses études primaires à domicile ; à l'âge de quatre ans, il sa-savait lire correctement ; à huit ans, il entrait à l'« École Modèle ». Admis en 3e scientifique à l'Athénée de Bruxelles, il en sortait brillamment, à peine âgé de 16 ans. Il fit, alors, en qualité de mousse, un voyage jusqu'à New York, sur le « Belgenland ».

   À vingt ans, il obtenait, à l'Université Libre de Bruxelles, le, diplôme d'ingénieur des Arts et Manufactures (chimie). Comme il devait gagner sa vie, il se résigna, à défaut d'emploi plus con­forme à ses aspirations, à devenir fonctionnaire et il débuta com­me commis direct, à l'Administration des Télégraphes. Il se tenait constamment au courant des progrès et découvertes en biologie, en chimie et en physique ; il utilisait ses loisirs à satis­faire sa passion de collectionneur : timbres-poste, herbiers échantillons minéralogiques ; à assister à des concerts, des repré­sentations théâtrales, des conférences aux « Amis de la Litté­rature », et à visiter des musées.

Il connaissait la Belgique jusqu'en ses moindres recoins et fit de nombreux voyages en Hollande, Suisse, Angleterre, Italie, Allemagne, France.

Fonctionnaire très strict sur la discipline du service, très bien noté, il devenait en 1894, à 27 ans, ingénieur-chef du réseau télé­phonique de Mons. Il aurait pu prétendre à une plus brillante situation encore mais il mourut, en 1917, alors qu'il avait à peine cinquante ans...

Le sentiment artistique était fort développé dans le milieu où vivait Henri Léonard. Ce domaine de l'art, fut pour lui celui de la liberté, l'évasion nécessaire hors du matérialisme et des con­tingences de la vie. Très jeune, comme ses éducateurs voulaient guider son choix vers des œuvres qu'ils croyaient être l'harmo­nieux développement des formes idéalement appréciées, « clas­siquement belles », il en résulta, chez lui, une sorte de rébellion. Plus tard, il put constater que ses éducateurs appréciaient, aussi, les ouvrages, les expressions plus dionysiaques... Ce sentiment de révolte le porta à examiner certaines formes beaucoup plus libres et plus intenses dans leur expression.

« Je fis simplement des études, dites professionnelles, à l'Athé­née de Mons, a-t-il écrit un jour. » « Je fus un élève moyen, ayant la plus grande peine à me concentrer sur une matière qui, à l'occa­sion, ne me plaisait pas du tout. Excellent en dessin et en gym­nastique, assez bon en français, en histoire et en géographie, quelconque dans les langues germaniques, très médiocre en phy­sique et un cancre parfait en mathématiques ».

   Ses parents le destinèrent à la carrière administrative parce que la sécurité y était assurée, surtout dans l'avenir... C'est ainsi que le 2 août 1914, à l'âge de 18 ans, il entrait en qualité d'expéditionnaire temporaire à l'Administration Communale de Mons, à laquelle il devait consacrer quarante années de son existence. Dès qu'il fut pourvu d'un emploi, il put suivre son aspiration secrète et, pendant trois ans, il fréquenta assidûment, le soir, les cours de dessin à l'Académie des Beaux-Arts et, le dimanche, les cours d'aquarelle professés par Antoine Carte. Il ne fallut pas longtemps au jeune étudiant pour se convaincre que, malgré sa docilité et son souci de bien faire, la copie fidèle des modèles en plâtre ou même des modèles vivants ne l'intéressait pas du tout.

   Depuis son jeune âge, il dessinait comme dessinent les enfants, c'est-à-dire d'inspiration, avec le désir de « recréer » les êtres et les choses tels qu'ils les voient, les connaissent personnellement, tels qu'ils les «sentent». Et tant pis pour l'imperfection!... Certes, l'examen attentif d'œuvres d'artistes de toutes les épo­ques et de toutes les tendances apportait parfois un changement, une amélioration à son mode d'expression. Son excellent ami Antoine Carte ne put l'entraîner dans son sillage. Au contraire, en 1918 il l'engageait à ne point poursuivre des études académi­ques qui risquaient de contrarier, de détruire l'originalité que l'on devinait dans ses compositions. C'est, disait plus tard Léonard, le meilleur conseil qu'il reçut de son maître. Et, dès lors, il se mit à étudier seul, avec méthode et en toute liberté, l'histoire des beaux-arts, ne s'attardant guère aux biographies mais se préoccupant avant tout de saisir les tendances, les diverses évolutions du caractère sensible des œuvres. C'est ainsi qu'il apprit beaucoup plus en lisant Élie Faure qu'André Michel.

« Je me suis toujours méfié, chez les artistes, de ce qu'ils avaient pris chez les autres », disait-il un an avant sa mort ; « j'ai tou­jours pensé qu'il était préférable de passer, par-ci, par-là, sur des incorrections, pourvu qu'une réelle émotion parle dans l'œuvre. Comme quoi, les « classiques », avec leur perfection, ne me tou­chent pas facilement. Je préfère ceux qui poussent des cris, mais au moins des cris qui bouleversent. La visite des musées de La Haye, d'Amsterdam, de Bruxelles et de Paris ne m'a nullement fait changer d'avis. Ils possèdent, certes, des œuvres qui sont très belles, mais qui ne me touchent pas toujours, et d'autres, moins belles, et qui m'atteignent. Ce phénomène existe encore pour moi dans la musique. Il y a des œuvres qui me font avoir le grand frisson et des larmes plein les yeux. J'ignore si ce sont les plus belles ; ce que je sais, c'est que je les aime. Ce sont des œuvres vivantes ».

   Henri Léonard était un esprit curieux, original, primesautier et chercheur. Il ne voulait pas rester dans les sentiers battus et fuyait les formes stagnantes de l'art : « J'ai un moment versé dans un art plus ou moins surréaliste... parce que non réaliste », confiait-il à un ami, dans une lettre écrite en mars 1958. « Le réalisme étant ce que nous voyons à chaque instant autour de nous, je ne vois pas pourquoi il faudrait le rencontrer dans l'art, liberté, évasion. Sentiment de l'incontrôlé, de l'instabilité, du bizarre, de l'équivoque... voilà qui est loin de la rigueur de la froide raison, c'est pourquoi il me plaît de le ressentir... comme à certains moments de ma vie je me prends à éprouver de ces terreurs qui viennent de très loin dans mon subconscient, ou tout simplement par de singulières associations d'images, comme il en apparaît souvent dans mes rêves. Et ce goût remonte à ma jeunesse, quand je lisais et relisais Edgar Poe. » Il y avait là une occasion de se rebeller, de « sentir » un écrivain qui voulait bien considérer autre chose que l'harmonieux arrangement des idées. Et c'était son père, cet esprit positif, qui lui avait donné à lire les « Histoires extraordinaires ». Il ne trouvait pas que son fils avait tort d'aimer tout particulièrement cet écrivain améri­cain, à l'imagination extravagante et tourmentée, hantée par «l'ange du bizarre »... Il savait bien que tout se limiterait à des images fantastiques, à des visions étranges et que, dans la vie courante, son grand garçon ne descendrait pas dans le « Maelstrom » ou n'irait pas à la recherche du « Diable dans le Beffroi »...

Bien sûr, les lectures d'Henri Léonard ne se limitaient pas à Edgar Allan Poe, Achim von Arnim, Ernst Hoffmann... Il lisait aussi tous les classiques et les romantiques français. Comme tous les jeunes gens de son âge, il fut profondément remué, quand il avait 17 ans, par le romantisme passionné et mélancolique d'Alfred de Musset. Puis, il s'intéressa à disséquer Le Rouge et le Noir et à analyser les caractères des héros de Stendhal. Il lut ensuite la plupart des œuvres d'Alphonse Daudet, de Prosper Mérimée, de Gustave Flaubert, d'Anatole France. Plus tard, ce furent Francis Carco, Jean Giraudoux, Georges Duhamel, Pierre Mac-Orlan, Alexandre Arnoux...

   Dans sa prime jeunesse, il s'était enthousiasmé à la lecture d'Erckmann-Chatrian et surtout de Charles Dickens. Ce dernier l'avait tellement passionné que, en son âge mûr et même peu avant sa mort, il relisait avec joie Les Aventures de M. Pick­wick, Oliver Twist, David Copperfield surtout Dombay et fils et bien d'autres pages de cet auteur vraiment humain. Quantité d'autres écrivains étrangers eurent aussi la faveur de son choix : Tolstoï, Tourgueniev, Dostoïewsky, Ibsen, Jean-Paul Richter, Theodor Storm, Wells, Rudyard Kipling, Thomas Hardy, Oscar Wilde, Thomas Moore, Aldous Huxley, Somerset Maugham, etc. etc.

Pourrait-on, dans toutes ces énumérations, découvrir celui ou ceux qui eurent une influence déterminante sur la tournu­re d'esprit, sur le talent à facettes multiples d'Henri Léonard ? Ce serait bien difficile... Un jour qu'on l'interrogeait sur sa vie, il répondit tout simplement : « En vérité, « je me suis bien amusé » à lire, à peindre, à écouter de la musique, à fréquenter le théâtre, à peindre des décors, à écrire des jeux radiophoniques et même, comme je le fais aujourd'hui, à étudier l'histoire et particu­lièrement l'histoire du XVIe siècle, à Mons. Je ne suis qu'un touche à tout... pour mon plaisir. » Ce parfait dilettante était bien modeste !...

   Il y a peu d'années, il avait rédigé une étude complète sur Vincent Van Gogh ; nous souhaitons qu'elle soit bientôt publiée. Il aimait beaucoup l'œuvre de ce peintre mais pas exclusivement. Il prisait cet artiste parce que l'on suit dans toute sa carrière la voie la plus propice pour franchir le passage de la forme objec­tive à la forme subjective, de la représentation du réel universel à la réalité sensible d'un être de génie qui, par la peinture, a exprimé le contenu de sa vie intérieure. « Celui-là était un artiste sincère, disait-il, un vrai de vrai. Je vous avouerai qu'ayant été à Bréda voir l'exposition des œuvres qui sont maintenant à Mons, les deux dernières de ses toiles m'ont ému comme jamais peinture ne m'a ému ». « Pourtant, ajoutait-il, si je pouvais emporter une peinture dans une île déserte où je devrais vivre, ce n'est pas chez Van Gogh que j'irais la choisir. Je prendrais avec moi La pie sur le gibet de P. Brueghel, parce que c'est une œuvre qui réalise pour moi la plus profonde effusion d'un artiste vis-à-vis de la nature et du genre humain et qu'il nous la fait sentir par le prestige de son unité d'expression, expression poétique d'un admirable paysage tenu dans la richesse de sa coloration de rêve, expression de la vie, instant de l'humanité inconsciente des dan­gers qui la menacent, ricanement de la pie qui jacasse, et, dans tout cela, la présence d'un esprit (celui de Brueghel) qui possède le meilleur humour du monde, celui qui s'apitoie sur ses sembla­bles, parce qu'il est essentiellement bon, et le plus sensible poète des paysages de ses rêves ».

   Cette juste appréciation sur Brueghel, on peut, sans hésiter l'appliquer à Henri Léonard, peintre d'un humour tout à fait particulier, se penchant sur la pitoyable misère humaine, trans­posant ses rêves dans ses compositions ; sa discrétion – sa pudeur, dirons-nous – l'empêchait de communiquer complè­tement le feu intérieur qui le consumait et de montrer l'émotion qui l'étreignait au contact du malheur des autres. Souvent, en l'observant, on pouvait le comparer au Figaro de Beaumarchais «... aidant au bon temps, supportant le mauvais, me moquant des sots, bravant les méchants,... je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer ».

Il avait puisé chez son aïeul paternel, puis chez son père, les éléments d'une philosophie qu'il pratiqua toute sa vie : « Pas de croyance en ce qui ne peut être scientifiquement prouvé. Con­vaincre, vouloir convaincre, n'est pas nécessairement démontrer et prouver. Il appartient à la science de faire ces démonstrations et ces preuves, d'établir des lois qui pourront toujours être prou­vées, être complétées, rendues de plus en plus exactes par des ex­périences contrôlables ». Mais cet agnostique ne cherchait point à faire de prosélytisme et il était très respectueux des croyances d'autrui.

   Quoique n'étant pas fait pour la carrière administrative qu'il n'avait pas choisie mais dans laquelle ses parents l'avaient lancé, Henri Léonard fut « un fonctionnaire d'élite parmi les élites », ainsi que le déclarait son bourgmestre, M. V. Maistriau.

Nous avons dit que, peu après sa sortie de l'Athénée, il entrait, le 2 août 1914, à l'Administration Communale de Mons. Il gravit successivement tous les échelons de la hiérarchie et, le 1er janvier 1946, il fut désigné pour remplir les fonctions inté­rimaires de secrétaire communal, charge à laquelle il accéda dé­finitivement, le 1er janvier 1949. Malheureusement, son état de santé le força à prendre une retraite prématurée. Bien à regret, le Conseil Communal accepta sa démission le 29 décembre 1954 et, en reconnaissance des éminents services qu'il avait rendus à la Cité, lui conféra l'éméritat.

Deux jours plus tard, le 31 décembre, l'Administration Commu­nale organisait, en l'honneur de celui qui s'était tant dépensé pour la chose publique, une manifestation de sympathie dans la salle du Conseil Communal. Outre des délégations de tous les services communaux, les membres du Collège et du Conseil assistaient à cette cérémonie d'hommage et de gratitude. Mon­sieur le Ministre d'État Victor Maistriau, qui, pendant son mayorat d'un quart de siècle, avait pu apprécier les rares qualités de son collaborateur et ami, avait tenu à assister à cette réunion, au cours de laquelle la médaille de la Ville fut remise à Henri Léonard. En répondant aux discours qui lui furent adressés, celui-ci révéla qu'il ne quittait pas ses fonctions officielles avec trop de mélancolie car, enfin, il allait pouvoir se consacrer entiè­rement à ses chers violons d'Ingres, à la vie d'artiste et de cher­cheur qu'il avait toujours rêvée.

Son activité fut prodigieuse et très diverse. On ne redira ja­mais assez ce que la Ville de Mons doit à ce « Grand Commis » qui avait une conception très nette de sa tâche à l'hôtel de ville, à l'Académie Royale des Beaux-Arts, dont il était le secrétaire, et qui, en plus, accomplit une œuvre qui n'est pas près de s'éteindre, de s'effacer.

   Son affiche de la Ducasse, qu'il composa, on le « sent », avec une joie réelle, est un véritable petit chef-d'œuvre. En vue plongeante, on voit s'ébattre, sur la Grand-Place, autour de Saint Georges, tous les personnages traditionnels du Lumeçon, dans une atmo­sphère toute de verve et de truculence rabelaisiennes. Cette affiche ne fut pas la seule : il en composa encore une pour la « Ducasse de Messines » et une autre ayant pour thème la fameuse descente de la rue des Clercs, le dimanche de la Trinité. Si l'on cherche, dans la physionomie morale d'Henri Léonard, le trait essentiel, c'est l'amour profond de sa cité natale qui le caracté­rise. Après Antoine Clesse, il aurait pu dire :

   Mons est toujours pour mon âme et mon cœur.
   La plus belle ville du monde.

   Ami, collaborateur et disciple d'Émile Hublard (Mons, 5 avril 1863 - 12 juillet 1927), le savant conservateur de la Bibliothèque Publique, et de Paul Heupgen (Hyon, 7 mars 1868 - Mons, 15 octobre
1949
)
l'auteur érudit des Viéseries, il s'était fait, pour « sa Ville », écrivain, historien, archéologue, critique d'art, dessinateur, peintre, publiciste, animateur du théâtre, pour lequel il peignit maints décors. Il s'était spécialisé dans les ouvrages destinés aux ondes sonores et ses jeux radiophoniques faisaient revivre le passé de la vieille capitale du Hainaut et les mœurs et coutumes de ses habitants d'autrefois. Que de pages, que de dessins, ce pur Montois n'a-t-il pas consacrés à sa cité !

   En 1930, il publiait un charmant petit livre, Les Braves Montois de 1830 que, dans sa préface, Émile Hublard accueil­lait ainsi :

   « Voici un petit livre présentant cette originalité d'être du même auteur pour le texte et les illustrations. En le parcourant, on se demande si c'est l'artiste qui a guidé la plume ou l'écrivain qui a tenu le crayon. Le talent de M. Henri Léonard, à la fois lettré et dessinateur, nous rappelle celui de Topffer dont la plume servait à deux fins : à écrire des récits alertes et amusants, et à dessiner en marge, des croquis spirituels reproduisant les traits de ses héros. Sous une forme badine, l'auteur nous conte l'histoire de la Révolution de 1830, à Mons, telle que l'ont vue les petites gens, bouti­quiers et artisans. N'allez pas croire cependant que la vérité historique soit sacrifiée à la fantaisie ; elle forme le cadre dans lequel se déroule un roman, simple et naïf, montrant le valeureux Jean Pichon, tailleur d'habits, et la tendre Agathe Pigeolet, la fille du boucher, filant le parfait amour, à la faveur des troubles révolutionnaires, « sous l'arbre de la Liberté ». Et bien, croyez-moi si vous voulez, le tableau que trace M. Léonard représente peut-être plus fidèlement qu'une docte étude historique, ce que fut 1830 en notre bonne ville de Mons ».

   Son œuvre capitale, dont il put corriger les épreuves peu avant sa mort, est, sans conteste : La Ville de Mons en 1550. Essai de reconstitution, en vue perspective, et textes à l'appui (dans Annales du Cercle Archéologique de Mons, tome 63, pp. 137-192. Avec 24 planches et une grille permettant la lecture des cartons imprimés). Travail d'érudition, labeur de bénédictin, tant au point de vue des recherches nécessitées pour la rédaction des textes que pour l'é­tablissement minutieux des 24 planches, c'est véritablement une tranche vivante de l'histoire et une extraordinaire reconstitution topographique de Mons au milieu du XVIe siècle.

Un autre important ouvrage a pour titre : Les Chemins de l'honnête conscience. - Jacques Dubrœucq, sculpteur des ver­tus. Pendant de longs mois, il fut publié dans les colonnes du journal « La Province », à Mons. Il ne paraîtra pas en librairie ; c'est à déplorer. Dans un s avertissement » daté du 1er novembre 1951, Henri Léonard s'est défendu d'avoir écrit une biographie. « Tout au contraire, je me suis efforcé de me placer dans la peau d'un personnage vivant à Mons, pendant la majeure partie du XVIe siècle et avec plus ou moins de vraisemblance, je lui ai fait raconter, non pas ce qu'est son histoire exacte, car on l'ignore dans trop de circonstances, mais comment il aurait pu observer, noter et rapporter les événements dont il a pu avoir connais­sance. »

À la réalité historique, il a donc voulu ajouter la fiction d'épi­sodes romancés. « Pourquoi ? Dans quel but ? Certes, pour rendre moins sec le récit purement historique, mais surtout pour me divertir moi-même et essayer d'entraîner le lecteur dans ce jeu où la fantaisie est souveraine. Je crois d'ailleurs que très souvent les rêves sont plus vrais que les réalités ; les réflexions gratuites ont aussi la chance d'être parfois plus justes que les méditations trop raisonnées car elles sont tout de même des reflets de sensa­tions qui ont frappé la conscience. Quand on aime les images on aime s'évader dans leur monde irréel... Une fois de plus, j'ai voulu choisir entre l'absolue réalité et la fiction... et j'ai choisi la liberté. »

    Henri Léonard a illustré des ouvrages de divers auteurs. Ses compositions originales mettent le texte en valeur, témoignent d'un art fait de simplicité, d'imagination, d'ingéniosité, d'une sensibilité qui perçoit l'âme des choses sous les apparences, d'une poésie qui attire et captive. Sa connaissance étendue et précise de l'Art donnait beaucoup de prix aux chroniques qu'il publiait dans le journal La Province et c'est par centaines que l'on peut compter les critiques des salons d'art qu'il donna à ce quo­tidien, sous le pseudonyme de Cinabre. « Sulfure » était, d'autre part, la signature des articles qu'il écrivait sur le Vieux Mons.

Lui-même organisa plusieurs expositions de ses œuvres pic­turales. À côté de planches où se donnaient libre cours sa fine ironie, son esprit facétieux, sa curieuse conception de la vie, se voyaient des dessins, des aquarelles, des gouaches, des peintures où le poète, s'exprimant en images plastiques, « faisait penser », suggérait « un je ne sais quoi » dépassant la matière. À son expo­sition de 1933, j'eus la joie d'acquérir une grande gouache, La Maison Usher, inspirée du récit d'Edgar Poe. Très souvent, je contemple cette triste et solitaire habitation, ses murs aux teintes délavées, ses fenêtres qui ressemblent à de grands yeux mélancoliques. Je regarde, non sans effroi, la lézarde qui, en zigzag, traverse la façade de la tour ; je vois la brèche qui s'élar­git puis, il me semble entendre un grand bruit... et les ruines de la Maison Usher sombrent dans les eaux glauques et profondes de l'étang...

   Oui, l'œuvre graphique et picturale d'Henri Léonard « fait penser ». Ses fouilles ardues et patientes dans les archives com­munales lui fournirent la matière de milliers de fiches dont il tira parti pour des conférences (parmi ses principales conférences, citons : Du snobisme, du jazz et de la nouvelle subjectivité. L'Impressionisme. L'Art gothique. Initiation au septième art. Promenade à travers le vieux Mons, cette conférence fit naître en lui l'idée du plan de Mons vers 1550), des jeux radiophoniques, des articles, des dessins, des livres. Quantité d'organismes connurent les effets de sa générosité, bénéficièrent de ses recherches, de son talent, de son travail. La « Maison Jean Lescarts », le Cercle Ar­chéologique de Mons sont fiers des estampes qu'il leur dédia et beaucoup d'œuvres philanthropiques n'eurent jamais recours en vain à son parfait désintéressement.

   Le nom d'Henri Léonard, imagier et chroniqueur montois, s'inscrit tout naturellement parmi ceux des bienfaiteurs de la Cité, et à côté des noms de ceux qui, par leur génie ou leur talent, ont honoré la capitale du vieux Pays du Hainaut.

 

Quelques œuvres d'Henri Léonard

A. Bibliographie.  

1. Les Braves Montois de 1830 ou les amours de Jean et d'Agathe à la faveur de la Révolution. Récit prétexte à d'émouvantes illustrations, par Henri Léonard. Ouvrage honoré d'une préface de M. Émile Hublard, Docteur en Sciences, Conservateur de la Bibliothèque Publique et des Musées de la Ville de Mons. 55 pp. Nombreuses illustrations hors texte et dans le texte. 50 exemplaires de luxe, 950 exemplaires numé­rotés. Librairie Leich, éditeur, à Mons, rue Rogier, 1930.

2. Les dessins de la Collection du Chanoine Edmond Puissant. Br. 24 pp. Illustrations. Mons, 1954. (Catalogue de l'exposition de Trésors d'Art et d'Histoire inconnus des Musées de la Ville de Mons. 16 avril-19 sep­tembre 1954).

3. Les Chemins de l'Honnête Conscience. Jacques Dubrœucq, Sculpteur des Vertus. Publié dans les colonnes du journal La Province, à Mons. (Début : le Ier mars 1957).

4. Vincent Van Gogh et le Borinage (manuscrit).

5. L'œuvre picturale de Vincent Van Gogh (manuscrit).

6. Esthétique (cours manuscrit).

7. Histoire de l'Art (cours manuscrit).

B. Quelques ouvrages illustrés par Henri Léonard.

1. Émile Hublard, Mons jadis et aujourd'hui. Pour mieux connaître et aimer la Terre Natale. Nombreuses illustrations de Henri Léonard. 207 pp. C. Leich, éditeur, Mons, 1926.

2. Émile Hublard, À Mons - Choses et Autres. Illustrations de Henri Léonard, 168 pp. Librairie Camille Leich, éditeur, Mons, 1928.

3. Giornino [G. Jouret], Broutilles historiques. Illustrations de Henri Léonard. 174 pp. Librairie Leich, éditeur, 18, rue Rogier, Mons (s. d.).

4. Le Roi Peste. Histoire contenant une allégorie, par Edgar Poe (Traduction de Charles Baudelaire). Format 0,325 x 0,25 ; 60 pp. en carac­tères manuscrits, 39 grandes illustrations dont 5 en pleine page, « dues à la plume de l'humoriste fantastique Henri Léonard ». Tiré à 46 exemplaires. C. Leich, éditeur, rue Rogier, Mons, 1931.

5. Jules Blasse, Chez Mademoiselle Rose... pendant la guerre. Préface de Clovis Piérard. Dessins de Henri Léonard. In-40, 67 pp. Éditions du journal La Province, Mons, 1932.

6. Clovis Piérard, Paul Heupgen « Chasseur de Viéseries ». Vignettes de Henri Léonard. 134 pp. Éditions de la « Maison Jean Lescarts », Mons, et Éditions Labor, Bruxelles, 1951.

7. Clovis Piérard, Étoiles Filantes. Contes pour enfants. Illustrations en couleurs de Henri Léonard (à paraître).

C. Œuvres graphiques.

   Lors de l'assemblée générale, de la « Maison Jean Lescarts » (Musée de la Vie Montoise), le 16 mai 1938, les administrateurs de cette institution tinrent à offrir un souvenir à Henri Léonard pour le remercier du concours généreux de son talent de dessinateur et organisèrent, jusqu'au 24 mai, une exposition d'une partie de ses œuvres graphiques. Outre celles citées plus haut, on pouvait y admirer :

a) Adresse au Bourgmestre Jean Lescarts, lui offerte par la Conférence des Bourgmestres de l'arrondissement de Mons. Frontispice.

b) Adresse des employés communaux à M. Léon Save, Échevin.

c) Livre d'Or de l'inauguration du Monument aux Morts de l'École Moyenne de l'État pour garçons, à Mons.

d) Adresse des collaborateurs du journal « La Province » à M. Fulgence Masson, Ministre d'État, lors du XXV* anniversaire de la fondation de ce quotidien, le 1er mars 1932.

e) Adresse à M. Bosquet, ancien directeur de l'École Industrielle Supérieure.

f) Adresse (album-souvenir) offerte à M. Quenon, de Frameries, par les « Jeunes gens Fanfare ». 

 

g) Adresse de la Ville de Mons à Carlo Delcroix.

h) Affiches : Ducasse de Messines ; ducasse de Mons ; id., descente de la rue des Clercs.

i) Dessins : ex-libris, billets de Rois, menus de ducasse.
       Un ropieur au guersillon ; la garde civique en 1914 ; la prise de la Porte de Nimy ; l'allumeur de réverbères ; les caves de la Maison Papin-Dupont ; les premiers Montois (trois dessins aquarelles).

j) Estampe de la « Vie Wallonne ».

k) Tableau : St Georges vainqueur.

l) Illustrations de : boîtes de bablutes (Musée Montois et Maison Ducardon) ; boîtes de macarons (Maison Vanolande).


D. Estampes.

   Pour la « Maison Jean Lescarts », Henri Léonard exécuta gracieusement une série de quatre estampes (largeur : 735 mm ; hauteur 550 mm) tirées chacune à 200 exemplaires. Voici une brève description de ces estampes qui, outre leurs qualités artistiques, ont une réelle valeur archéologique, historique et documentaire :

1. Combat d'Epinlieu, le 20 août 1572, lors du siège de Mons par le duc d'Albe .

2. Siège de Mons par Louis XIV (mars-avril 1691).

3. Siège de Mons du 6 septembre au 23 octobre 1709. Après la bataille de Malplaquet, le 11 septembre 1709, les alliés achèvent l'investissement de la ville de Mons, commencé le 6 du même mois. La place est rela­tivement mal défendue par les Français, trop peu nombreux.

4. Siège de Mons par les armées françaises de Louis XV, commandées par le prince de Conti (6 juin-n juillet 1746). L'artiste a représenté un épisode de la journée du 16 juin : l'attaque du moulin St Pierre (au second plan) en même temps qu'ont lieu des préparatifs d'artillerie (au premier plan). Le fond est la reconstitution de la ville, vue du sud, d'après les plans de l'époque et les sources historiques.

 
E.
Adaptations radiophoniques.

1. L'homme au cheval gris (d'après Theodor Storm), 1947.

2. La petite marchande d'allumettes (d'après le conte d'Andersen).

3. Le puits et la pendule (d'après Edgar Poe).

4. Lady Madeleine (d'après La chute de la Maison Usher d'Edgar Poe).

 
F.
Jeux radiophoniques (depuis 1947).

1. Notre belle dame Jaque (au temps de Jacqueline de Bavière).

2. Ville gagnée (Épisode de la « surprise » de Mons par Louis de Nassau).

3. Les chemins de l'honnête conscience.

4. Sous les feux ardents du Roi Soleil (Prise de Mons par Louis XIV, en 1691).

 

5. Malbrough s'en va-t-en guerre (Récit romancé de la bataille de Malplaquet) .

6. Les dentelles de la guerre (Prise de Mons, en 1746, par Louis XV).

7. Le Prince Charmant (Charles-Joseph de Ligne). Écrit en 1950.

8. La Reine des Cœurs (Vie romancée de Louise de Stolberg).

9. La bataille de Jemmappes, 1792.

10. À Mons, fin d'un Empire (1811-1815).

11. Les braves Montois de 1830.

 

12. Les blancs-becs. Images historiques (d'après les études d'André Dufrane).

13. La nuit de Saint-André.

Divers.

Henri Léonard, nous l'avons écrit plus haut, est l'auteur d'un Essai de reconstitution, en vue perspective, de la Ville de Mons en 1550 (24 plan­ches et textes à l'appui).

Il créa des costumes pour la « Procession du Car d'Or », à Mons, et exécu­ta de nombreux décors de théâtre ; en outre, il orna de sujets folkloriques deux objets en faïence dont l'édition eut un succès très mérité : l'assiette « au Lumeçon » et le « rossignol de la ducasse de Messines ».

 

Bibliographie :
    - Piérard (Clovis), Henri Léonard, imagier et chroniqueur (1896-1959), dans Annales du Cercle archéologique de Mons, t. 64, pp. 41-55.