L'Hôtel de Ville de Mons
dans les éditions des Délices des Pays-Bas
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Le but de ce petit article est de tenter d'établir une chronologie précise de la présence des gravures représentant la façade de l'Hôtel de Ville de Mons dans les différentes éditions des Délices dont voici le détail :
1°. 1697. Les Delices des Pais-Bas ou Description generale de ses dix-sept Provinces, de ses principales Villes & de ses lieux les plus renommez.
A Bruxelles, Chez P. Dobbeleer. MDCXCVII.
Édition en un volume.
Cette édition ne contient pas d'illustration.
2°. 1697. Les Delices des Pais-Bas ou Description generale de ses dix-sept Provinces, de ses principales Villes & de ses lieux les plus renommez.
A Brusselle, Chez François Foppens. MDCXCVII.
Édition en un volume.
Cette édition contient un plan de Mons (entre les pp. 274 et 275).
3°. 1700. Les Delices des Pais-Bas ou Description generale de ses dix-sept Provinces, de ses principales Villes & de ses lieux les plus renommez dans la situation où ils se trouvent depuis la Paix de Ryswyck. Edition nouvelle, corrigée de beaucoup de fautes, et augmentées de figures et de remarques trés-curieuses.
A Brusselle, Chez François Foppens. MDCC.
Édition en un volume.
Cette édition contient un plan de Mons (entre les pp. 306 et 307).
4°. 1711. Les Delices des Pais-Bas. Contenant une Description generale des XVII Provinces. Edition nouvelle, Divisée en III. Volumes, augmentée de plusieurs Remarques curieuses, & enrichie de Figures.
A Brusselle, Chez François Foppens. MDCCXI.
Édition en trois volumes.
Le tome II (titré : Tome Second qui comprend le Duché de Luxembourg, et les Comtés de Hainaut, d'Artois, de Namur, et de Hollande) contient un plan de Mons (entre les pp. 12 et 13) et, pour la première fois, la vue de l'Hôtel de Ville, par Pierre Devel (entre les pp. 14 et 15).
5°. 1713. Les Delices des Pais-Bas. Contenant une Description generale des XVII Provinces. Edition nouvelle, Divisée en III. Volumes, augmentée de plusieurs Remarques curieuses, & enrichie de Figures.
A Brusselle, Chez François Foppens. MDCCXIII.
Édition en trois volumes.
Le tome II (titré : Tome Second qui comprend le Duché de Luxembourg, et les Comtés de Hainaut, d'Artois, de Namur, et de Hollande) contient un plan de Mons (entre les pp. 12 et 13), la vue de l'Hôtel de Ville, par Pierre Devel (entre les pp. 14 et 15) et la vue de l'église de Sainte-Waudru (entre les pp. 16 et 17).
6°. 1720. Histoire generale des Pais-Bas, Contenant la Description des XVII Provinces. Edition nouvelle, Divisée en IV. Volumes, augmentée de plusieurs remarques curieuses, de nouvelles figures, & des evenemens les plus remarquables jusqu'à l'an MDCCXX.
A Brusselle, Chez François Foppens. MDCCXX.
Édition en quatre volumes.
Le tome II (titré : Tome Second qui comprend les Provinces de Flandre, de Hainaut, le Cambresis et la Ville de Cologne avec ses Evêques) contient un plan de Mons (entre les pp. 266 et 267), la vue de l'Hôtel de Ville, par Pierre Devel (entre les pp. 268 et 269) et la vue de l'église de Sainte-Waudru (entre les pp. 272 et 273).
7°. 1743. Histoire generale des Pais-Bas, Contenant la Description des XVII Provinces. Edition nouvelle, Divisée en IV. volumes, & augmentée de plusieurs remarques curieuses, de nouvelles estampes, & des evenemens les plus remarquables jusqu'à l'an MDCCXLIII.
A Brusselle, Chez la Veuve Foppens. MDCCXLIII.
Édition en quatre volumes.
Le tome II (titré : Tome Second qui comprend la Province de Flandre avec le Tournesis, et le Hainaut avec le Cambresis) contient un plan de Mons (entre les pp. 278 et 279), la vue de l'Hôtel de Ville, par Jean-Laurent Krafft (entre les pp. 278 et 279) et la vue de l'église de Sainte-Waudru (entre les pp. 282 et 283).
Certains exemplaires contiennent encore la gravure de Devel.
8°. 1769. Les Délices Pays-Bas, ou Description géographique et historique des XVII Provinces Belgiques. Sixieme Édition, revue, corrigée, & considérablement augmentée de Remarques curieuses & intéressantes.
A Liege, Chez J.F. Bassompierre, Pere, Imprimeur de S.A. & Libraire. M. DCC. LXIX.
Édition en cinq volumes.
Le tome III (titré : Tome troisieme, Contenant partie du Comté de Flandres, la Flandre Impériale, la Flandre Hollandoise, la Flandre Françoise, le Comté de Hainaut et le Cambresis) contient un plan de Mons (entre les pp. 230 et 231), la vue de l'Hôtel de Ville, par Jean-Laurent Krafft (entre les pp. 232 et 233) et la vue de l'église de Sainte-Waudru (entre les pp. 236 et 237). Il s'agit de la sixième édition revue, non comprises l'édition originale et celle de 1720 chez Wainne.
9°. 1786. Les Délices Pays-Bas, ou Description géographique et historique des XVII Provinces Belgiques. Septieme Édition, revue, corrigée, & considérablement augmentée de Remarques curieuses & intéressantes.
A Paris, Et se trouve à Anvers, Chez C. M. Spanoghe, Imprimeur-Libraire. M. DCC. LXXXVI.
Édition en cinq volumes.
Le tome III (titré : Tome troisieme, Contenant partie du Comté de Flandres, la Flandre Impériale, la Flandre Hollandoise, la Flandre Françoise, le Comté de Hainaut et le Cambresis) contient un plan de Mons (entre les pp. 196 et 197), la vue de l'Hôtel de Ville, anonyme, (entre les pp. 198 et 199) et la vue de l'église de Sainte-Waudru (entre les pp. 202 et 203).
10°. 1787. Les Délices Pays-Bas, ou Description géographique et historique des XVII Provinces Belgiques. Septieme Édition, revue, corrigée, & considérablement augmentée de Remarques curieuses & intéressantes.
A Paris, Et se trouve à Anvers, Chez C. M. Spanoghe, Imprimeur-Libraire. M. DCC. LXXXVII. Édition en cinq volumes.
Le tome III (titré : Tome troisieme, Contenant partie du Comté de Flandres, la Flandre Impériale, la Flandre Hollandoise, la Flandre Françoise, le Comté de Hainaut et le Cambresis) contient un plan de Mons (entre les pp. 196 et 197), la vue de l'Hôtel de Ville, par Jean-Laurent Krafft (entre les pp. 198 et 199) et la vue de l'église de Sainte-Waudru (entre les pp. 202 et 203).
Selon les recherches de Christiane Piérard la décision du Conseil de Ville de reconstruire un Hôtel de Ville date de 1456. Les travaux de fondation débutèrent la même année et la pose de la première pierre eut lieu le 8 mars 1459. Le 17 (ou le 18) septembre 1477, le magasin à poudre qui se trouvait à l'arsenal explosa et une partie importante du nouvel édifice s'effondra.
Suite à cet événement Mathieu de Layens (l'architecte de l'Hôtel de Ville de Louvain) fut sollicité, en mars 1479, par le Conseil de Ville pour reconstruire le bâtiment. Les difficultés financières ne permirent pas d'achever complètement l'édifice qui devait compter un second étage avec des tourelles d'angle.
La couverture de la toiture d'abord en chaume fut ensuite remplacée par de la tuile. Gilles-Joseph de Boussu signale qu'en 1606 une violente tempête emporta la toiture qui fut alors recouverte d'ardoises. Cette toiture comportait, à l'origine, une dizaine de lucarnes étagées. Ces lucarnes et l'horloge furent démontées au XVIIIe siècle et remplacées par quatre lucarnes. Le campanile du charpentier François Tirou et du sculpteur J. Caffiaux fut construit en 1716-1718.
En 1777, un balcon en fer forgé remplaça la bretèche de pierre qui était surmontée d'une statue d'une Vierge à l'Enfant.
Les vues de l'Hôtel de Ville de Mons présentées ici le montrent donc tel qu'il était à la fin du dix-septième siècle.
La Maison de Ville de Mons. Gravure au burin, portant les mentions en bas, à droite : « P. Devel Sculp. Brux. »Dimensions : trait carré : 197 x 140 mm., cuvette : 205 x 145 mm. |
Dans l'ouvrage de Christiane Piérard, L'Hôtel
de Ville de Mons de 1456 à nos jours (catalogue de l'exposition consacrée aux hôtels de ville en Hainaut, en
1995, à la Salle Saint-Georges), on peut lire (p. 17) à propos de cette
vue qu'elle est « sans doute la plus ancienne représentation de l'hôtel
de ville ; elle a paru dans les Délices des Pays-Bas ou description géographique et historique des XVII provinces belgiques
de Christyn et Foppens, dès la première édition de cet ouvrage, à
Bruxelles, en 1697. » Et, plus loin la description précise : « Gravure sur cuivre, sur papier 136 x 195. Fin XVIIe siècle, par Krafft
[...] ; elle a été recopiée notamment par Devel au XVIIIe siècle. »
Cette description doit être corrigée puisque, comme indiqué plus haut, la première édition des Délices des Pays-Bas qui comporte une vue de l'Hôtel de Ville de Mons est celle de 1711 et non celle de 1697. Cette première gravure est l'œuvre de Devel
; c'est ensuite qu'elle a été copiée par Krafft et non l'inverse (il semble
d'ailleurs assez raisonnable de penser que Krafft, né à Bruxelles le 10
novembre 1694, ne put être l'auteur d'une gravure publiée en 1697). La
gravure de Devel continue d'apparaître dans les éditions de 1713 et
1720 (et certains exemplaires de l'édition de 1743).
On ne sait que peu de choses à propos de Pierre Devel
sinon qu'il était graveur à l'eau-forte et au burin, qu'il travaillait à
Bruxelles durant la seconde moitié du XVIIe siècle et qu'il produisit
surtout des vues d'édifices et des perspectives. Dans son dictionnaire
des graveurs, Eugène De Seyn confirme bien que la collaboration de Devel
aux Délices des Pays-Bas débute en 1711. La gravure de la collégiale Sainte-Waudru apparaît dans l'édition de 1713.
La Maison de Ville de Mons. Gravure au burin, portant les mentions en bas, à droite : « Krafft fecit. » Dimensions : - trait carré : 193 x 135 mm. - cuvette : 201 x 147 mm. |
Nous avons remarqué que certains exemplaires de cette édition contiennent encore la gravure de Devel.
Jean-Laurent Krafft (Bruxelles, 10 novembre 1694 - 1er janvier 1768) laissa une œuvre importante dans laquelle on trouve notamment la vue de la ville de Mons publiée, en 1725, dans l'ouvrage que Gilles-Joseph de Boussu consacra à l'histoire de sa ville.
La Maison de Ville de Mons. Gravure au burin, sans aucune mention. Dimensions : - trait carré : 192 x 136 mm. - cuvette : 200 x 158 mm. |
(extraits de la gravure de Krafft)
La bretèche (ou « bretèque ») se trouve au centre de la façade. Elle
était en pierre, décorée de statues de lions. À l'arrière, sur le
trumeau, se trouvait une statue de la Vierge qui provenait de l'ancien
Hôtel de Ville.
Cette bretèche, de laquelle les décisions du Conseil de Ville étaient
communiquées au public, fut démontée en 1777 et remplacée par un balcon
en fer forgé.
La porte, située sur le côté gauche de la façade, donnait accès à la
chapelle échevinale Saint-Georges qui, jusqu'à la fin du XVIe siècle, se
trouvait à l'arrière de l'Hôtel de Ville.
Cette porte est surmontée d'une statue équestre de saint Georges.
À cet emplacement se trouve aujourd'hui une des portes d'accès à la salle des Sacquiaux.
Extrait du journal Le Guersillon (1844) d'Adolphe Mathieu (pp. 5-6) :
« Guersillon : Collier de fer fixé à un poteau ou à un mur, et auquel on attachait, par le col et par les mains, les fraudeurs, les concussionnaires, les proxénètes, les Jacques Ferrand, les Robert-Macaire, les étrangers sans aveu, les filles d'une vie lubrique (pour employer le langage du temps), les vagabonds, etc.
Les patients portaient sur la poitrine un écriteau indiquant le délit qu'ils avaient commis.
C'est encore un de ces mille mots qu'on pourrait recommander à M. Hécart pour la prochaine édition de son dictionnaire rouchi-français.
Roquefort écrit Gresillon, et lui donne cette signification : menottes, liens, attaches, fers que l'on met aux mains des criminels : « Henry de Malhetet fut mené par le bourreau, les grésillons es mains et les fers es pieds. » (Mémoires de Paris, an 1544.)
Deux guersillons existaient ci-devant à Mons à front de l'Hôtel-de-ville ; ils étaient fixés parallèlement sur une porte figurée, à l'endroit où se trouve aujourd'hui l'entrée du bureau de la Permanence, anciennement la Salle des Pousse-culs ou des Saquiaux (comme on nommait alors les municipaux, les valets ou aides de police, les sergents de ville, etc....). Cette porte, en bois, à la hauteur des fenêtres, reposait sur un soubassement en pierre terminé par deux marches, dont la seconde, à partir du sol, supportait le siège des suppliciés.
Tout porte à croire que ces guersillons dataient de la reconstruction de l'Hôtel-de-Ville, puisqu'ils figurent au plan formé en 1717 pour l'érection du dôme de cet édifice.
C'est là qu'a été élevé, du vivant de M. Siraut père, le terrible banc de sable où ont été juridiquement assassinés le dominicain Richard, les malheureux paysans d'Anderlues et notre inoffensif compatriote M. Delneufcourt ; c'est là que trônent aujourd'hui, sur leurs chaises curales, le commissaire, les commissaires adjoints et les agents de police, sous la direction immédiate du commissaire royal premier magistrat de la cité. »
Bibliographie :
- De Seyn (Eug. M.H.), Dessinateurs, graveurs et peintres des anciens Pays-Bas. Écoles flamande et hollandaise, Turnhout, Brepols, pp. 70 et 124.
- De Busscher (Edm.), Devel (Pierre), dans Biographie Nationale, t. 5, col. 834-835.
- Engrand (Charles), Les Délices des Pays-Bas, miroir des Dix-sept provinces ?, dans Revue du Nord, n° 360-361 - 2005 2/3, pp. 487-511.
- Hennebert (Henri), L'hôtel de Ville de Mons. Mons, Éditions Saint-Georges, 1949.
- Mathieu (Adolphe), Le Guersillon. Mons, Mathieu, 1844.
- Piérard (Christiane), La Grand-Place de Mons. Étude architecturale. Extrait du Bulletin de la Commission Royale des Monuments et des Sites, t. 3, 1973.
- Piérard (Christiane), L'Hôtel de Ville de Mons. [Mons], [Office du Tourisme], 1995.
- Piérard (Christiane), L'Hôtel de Ville de Mons. S.l., Ministère de la Région Wallonne - Ville de Mons, 1995 (collection « Carnets du Patrimoine », n° 10).
- Piérard (Christiane), L'Hôtel
de Ville de Mons de 1456 à nos jours. Catalogue de l'exposition
présentée par le Cercle Archéologique de Mons en complément de celle
organisée par Hannonia et le Crédit Communal sur les Hôtels de Ville et
maisons communales en Hainaut du Moyen Âge à nos jours, à Mons, Salle
Saint-Georges, du 9 au 27 septembre 1995. Mons, Cercle Archéologique de Mons, 1995.
- Piérard (Christiane), Les grands chantiers qui ont façonné le visage de la ville, dans Images d'une ville. Mons, de 1200 à 1815. Bruxelles, Archives Générales du Royaume, 1997, pp. 30-33.
- Piot (Ch.), Krafft (Jean-Laurent), dans Biographie Nationale, t. X, col. 793-796.
Toute
collaboration étant la bienvenue, n'hésitez pas à me faire connaître
vos commentaires, informations complémentaires, remarques,
corrections...
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